Works by Ali, translated into different languages (WIP)

Below are a collection of articles by Ali that we have found online that have been translated into languages besides english.

Pourquoi y a-t-il si peu de personnes de couleurs dans le mouvement anarchiste ?

http://kropot.free.fr/Abdullah.htm

Le mouvement Anarchiste dans le monde entier est composé de plus de blancs que de personnes de couleurs. La grande majorité des textes Anarchistes sont écrits et publiés par des blancs. De plus, l’ensemble du mouvement anarchiste, bien qu’affirmant être représentatif de tout le monde, s’est révélé être moins que ce qu’il prétend.

 

Le mouvement Anarchiste doit commencer à s’autocritiquer si nous voulons construire un mouvement qui représente vraiment tout le monde — si nous projettons sincèrement de combattre et renverser toute forme de racisme, de kapitalisme, la société de classe.

 

Le mouvement Anarchiste doit s’élargir en direction des communautés NéoAfricaines d’Amérikkke, des communautés noires en Afrique et partout où l’on trouve des gens de couleur, que ce soit en Grande-Bretagne, en Amérique du Sud et Amérique Centrale, dans les îles des Carraïbes, ou à d’autres endroits. Ceci doit être effectué sinon le mouvement Anarchiste ne peut pas et ne va pas se développer et ne restera qu’un petit mémorial de ce qu’il aurait pu devenir.

 

En Amérikkke, les Peuples Noirs, Latinos, Indigènes (Amérindiens) sont sujets à des traitements bien pires que les autres populations, pourtant, le mouvement Anarchiste ne se manifeste pas dans ces communautés. Les Anarchistes ne développent par de relations avec les leaders, les activistes ou les groupes d’action politique noirs, et le manque de pratique de la part des Anarchistes montre une contradiction claire avec les principes directeurs de leur pensée.

 

Les communautés Noires, Latinos, Indigènes ne sont pas invitées aux meetings anarchistes, et ne reçoivent généralement pas de soutien de la part des anarchistes. Pourquoi ? Pourquoi des gens se définissant comme anarchistes ou Anti-autoritaires mènent-ils des vies séparées des gens qui sont quotidiennement victimes des abus du gouvernement et de la société qu’ils prétendent haïr ? Il y a là un problème.

 

L’Anarchist Action Collective à Eugene, dans l’Oregon, aux USA, m’a envoyé un flyer intitulé ” Pourquoi l’Anarchie ? ” qui expliquait en dix points le besoin de changements libertaires. Dans ce tract, le fait qu’il existe ” une crise de plus en plus profonde à tous les niveaux ” était mentionné, mais pas le fait que les Anarchistes doivent se tenir prêts et s’impliquer dans les luttes des personnes de couleurs. Le texte n’expliquait pas ouvertement comment les anarchistes doivent se confronter aux pratiques raciales de la politique raciste amérikkkaine, qui se concrétise par des attaques contre des adultes et des jeunes noirs par le système policier et le système judiciaire. Il ne déclarait pas que les Anarchistes ont le DEVOIR et la RESPONSABILITÉ de s’unir avec les gens de couleur et vivre loin des riches banlieues blanches où si peu de noirs et autres gens de couleurs vivent. Les Anarchistes doivent faire cela si ils veulent lutter quotidiennement au côté des gens dans le besoin. Connaître ce problème et ne pas agir CONCRÈTEMENT individuellement ou collectivement revient au même que de s’en foutre. Pourquoi est ce que les populations Noires, Latinos, Indigènes ou Asiatiques devraient soutenir, lutter et travailler au côté des anarchistes si leur avis n’est pas pris en compte, si elles ne sont pas reconnues, aidées, soutenues dans leur misère et estimées pour ce qu’elles sont ?

 

En temps qu’Anarchiste et NéoAfricain, je trouve tout à fait regrettable le fait que le mouvement Anarchiste ne soit pas complètement impliqué dans la lutte et la coopération main dans la main avec mon peuple.

 

Je trouve triste le fait que les Anarchistes adhèrent à telle ou telle idée sans compter un nombre significatif de Noirs, de Latinos, d’Indiens ou d’Asiatiques à l’intérieur de leurs collectifs. Pourquoi ce mouvement n’a-t-il pas adopté des mesures plus progressives et plus efficaces pour toucher ces gens ? Ces gens de couleur ? Et pourquoi ne lit-on et ne s’intéresse-t-on qu’à ce que de vieux anarchistes ont lu ou réalisé alors qu’il en existe actuellement qui s’expriment bien, qui sont intéressant-e-s, dont on pourrait s’inspirer, lire les textes et mettre en pratique les idées et méthodes ?

 

Si nous ne sortons pas de ce cercle de groupes à ultra-majorité blanche pour rassembler des individus de toutes les races et représenter tous les intérêts, nous ne serons pas un mouvement efficace et nous allons nous refouler sur des anciennes valeurs en excluant des personnes qui pourraient contribuer et apprendre du mouvement Anarchiste ici en Amérikkke et dans le monde.

 

Nous devons repenser notre approche et notre vision globale. Les anarchistes devraient se situer là où l’oppression est la plus grande. Les anarchistes devraient construire leur base et diffuser leurs idées — rallier des opinions à notre cause, nos buts et nos objectifs — là où l’oppression est la plus terrible. Nous ne devons pas fuir la réalité en nous isolant des plus malheureu-x/ses et des plus dépossédé-e-s. Ce qui a rendu l’Anarchisme étranger à de nombreuses personnes de couleurs est le manque d’action dont j’ai parlé. Bien sûr il y a des personnes de couleur qui sont anarchistes et croient en ses principes, mais nous sommes relativement peu nombreu-x/ses. Cela doit changer !

 

On laisse souvent entendre que ” les Anarchistes sont incroyablement plus militant-e-s “. De toute manière, lorsque je vois la police raciste tirer sur des noirs — des Néo-Africains — je pose la question : ” Où sont les anarchistes lors des manifestations massives ? ” Pourtant, je lis ou j’entend constamment parler dans les infos de blancs masqués, se revendiquant anarchistes, qui jettent des briques ou des bouteilles sur des McDonald’s. Je peux souvent lire des articles sur des grands groupes de personnes se revendiquant anti-autoritaire qui pratiquent l’Action Directe pour sauver des arbres, des espèces sauvages menacées ou des écosystèmes en danger (ce qui est important), mais pourquoi ne mettent-ils pas autant de passion lorsque l’on touche à la question du traitement inhumain de gens à qui on reproche d’être de couleur ? Il y a quelque chose de fondamentalement contradictoire dans ce tableau. C’est étrange. Mais si je peux le constater, alors des millions d’autres noirs, latinos et indiens le constatent également.

 

La marginalisation des populations non-blanches dans la société comme dans les milieux militants n’est pas une spécialité des Etats-Unis. Ce texte ne s’adresse donc pas qu’aux blanc-he-s américain-e-s mais bien à l’ensemble des libertaires des pays riches qui tombent trop souvent dans l’autocongratulation et oublient les discriminations du capitalisme auxquelles ils/elles ne sont pas soumis-es.

 

ALI  KHALID  ABDULLAH

14 septembre 2000

 

Note de maloka :

Ali est un prisonnier politique qui a été condamné à l’image de centaines de militant-e-s noirs américain-e-s à une longue peine de prison ferme. L’échec de l’administration pénitentiaire dans sa tentative de le détruire dans son intégrité physique et politique lui barre le chemin de la liberté conditionnelle accordée aux détenu-e-s dociles. Ali est le fondateur d’une organisation militante de prisonniers politiques et est toujours resté actifs derrière les barreaux comme dehors. Vous pouvez lui répondre (en anglais) ou lui témoigner votre solidarité